D'r Siewenersprùng / Les sept sauts

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Origine et époque

Les origines du Siewenersprùng se perdent dans la nuit des temps. C’est une danse exécutée uniquement par les hommes et les jeunes gens et ce caractère exclusif témoigne d’une origine très ancienne. Le chiffre "7" indiquant le nombre de gestes et de sauts dans la chorégraphie est un autre marqueur d’ancienneté car il est porteur de symboles, de magie, de caractère sacré.

La danse des sept sauts s'inscrit dans le cycle des danses rituelles de fertilité. Elle évoque, en le récapitulant, un ancien rite de fertilisation du sol. Les danseurs se rapprochent de plus en plus de ce sol, en le frappant des pieds, des genoux, des coudes, jusqu'à embrasser la terre et s'y rouler pour ne plus faire qu'un avec ses forces vitales ou pour les lui communiquer.

Ces gestes correspondent à des rites printaniers et sont à chaque fois suivis de grands bonds. Plus les hommes sautaient haut, plus le blé ou le chanvre avaient une chance de bien pousser.

A Obersoultzbach (Bas-Rhin), on disait la chose suivante : "Du bìsch ìm Danz nìt hoch g'sprùnge. Drùm hesch ken scheener Hanf bekùmme" (Durant la danse, tu n'as pas sauté assez haut. Ton chanvre s'en est allé à vau-l'eau).

La fertilité des sillons, l'abondance des moissons et par extension, celle des naissances, sont directement liées aux mouvements et aux déplacements des danseurs, comme si le contact des pieds avec la terre endormie, répandaient leurs forces vives dans la nature entière.

Presque tous les peuples exécutent des danses de fertilité en vue d'obtenir pluie, abondance des récoltes, multiplication des animaux et des enfants. Tantôt c’est la communauté toute entière qui participe à ces danses, tantôt ce sont uniquement les chefs mais le plus souvent, seuls les hommes y prennent part. Ces danses de semailles sont caractéristiques des civilisations agricoles.

La danse des sept sauts, au premier abord désordonnée et bruyante, s'accompagnait souvent de cris, d'onomatopées, de bruitages avec accessoires, de gesticulations vives, témoignant ainsi de l'énergie et de la vitalité des danseurs. Par sa vivacité, voire sa sauvagerie, la danse permettait également de chasser les génies maléfiques et les mauvais esprits de l'hiver qui empêchaient le bon grain de germer dans la Terre-mère gelée. La danse peut également être reprise à rebours.

Dans sa forme primitive, la danse des sept sauts était un acte sacré et non une représentation. Il ne s'agissait pas de faire de l'effet sur un public et il n'y avait pas d'applaudissements à attendre. Elle se dansait sous différentes formes et son évolution a suivi celle des civilisations. Elle peut également être exécutée par un danseur seul à l'intérieur d'un cercle de spectateurs qui chantent, mais aussi par couples, où seuls les hommes font les sauts. Serait-ce là une réminiscence d'anciennes coutumes chevaleresques, que rappelle l'extrait suivant d'un couplet de chanson : "danze wie e Edelmann (danser comme un seigneur).

La danse des sept sauts servait de rite d’initiation ou de passage aux jeunes gens, avant leur accueil dans la communauté des adultes. Elle est aussi attestée durant les cérémonies de mariage, les réjouissances printanières, les fêtes de la moisson, toutes les circonstances liées aux forces vitales et à la fertilité.

La danse des sept sauts et ses variantes ont été diffusées dans différents pays européens, depuis le Portugal jusqu'en Norvège via le pays basque, la France, l'Allemagne et l’Autriche à l'ouest, la Hollande, le Danemark, la Poméranie du nord et la Baltique.

Sur le territoire rhénan, les plus anciennes notations mélodiques datent de 1505 puis de 1686. On retrouve cette danse dans toute l’Alsace mais elle a surtout été conservée dans le Kochersberg, au nord et à l'ouest de Strasbourg, le pays de Hanau et le pays de Wissembourg, où les hommes, souvent les anciens "coqs" du village, la dansaient encore spontanément, après maintes libations, jusqu'en 1950, soit en solo, soit collectivement. De tels exemples se retrouvent à Berstett, à Engwiller, à Seebach.

Quelques versions chantées issues du répertoire alsacien :

Version d'Engwiller
Kikeriki kreïjt d'r Hahn
D'Frau isch Meischter, nit d'r Mann
Ich kann'ne…
züem erscht…
züem zweit… etc…

Version de Guebenhouse
Kannsch du nit d'r Siewenersprung
Kannsch du nit braw danze ?
Danze kann ich für gewiss
Trotz dem Liebchen vun Paris
Ich kann"ne…

Version de Berstett
Kannsch dü au d'r Siewenersprung (bis)
Kannsch dü ne braw danze ?  (bis)
Danze wie n'e Edelmann
züem erscht …
züem zweit…etc…

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